Survivor
Une aventure dans laquelle un groupe de personnes ont échoué sur une ile isolée. Le dernier survivant de cette aventure repartira chez lui avec la somme d'1 millions de dollars.
En cours | GB, US | Pas de durée |
Reality | CBS, | 2000 |
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19.15 - Épisode 15
This Game Ain't Over
Pas de résumé pour l'instant ...
Diffusion originale : 20 décembre 2009
Diffusion française :
20 décembre 2009
Réalisat.eur.rice.s :
Scénariste.s :
Guest.s :
J'avais été largement refroidi dans mon marathon par la saison 18 qui m'a vraiment étonné et déçu, et j'ai mis d'ailleurs pas mal de temps à me finir la 19, comme si j'avais peur que quelque chose se soit un peu brisé en moi pour Survivor avec le simulacre de certains personnages de la 18...
J'ai été donc on ne peut plus ravi de retrouver un Survivor que j'adore dans cette saison 19, celui où ça joue à fond et avec un casting plutôt bon ou en tout cas avec des personnalités fortes et sincères. Certes, la saison tient surtout en Russell qui fait des moves même quand il n'en a pas besoin. Mais j'ai été très surpris de lire partout que son montage est omniprésent : il est vrai, c'est clairement le personnage principal, et la production le savait bien... mais les autres personnalités ne sont pas en reste non plus, le storytelling de la saison ne se limite pas qu'à lui, et surtout son montage a beau prendre de la place, c'est légitime selon moi dans la mesure où il a clairement le jeu le plus agressif et le plus d’interactions avec les autres. Du coup, sa présence est plus ou moins motrice du jeu et de tous les autres candidats. Je pense notamment à Monica, qui ne s'est révélée que dans un épisode où elle arrivait à le contrer, ou de Natalie bien sûr, qui est la preuve vivante que la vision du jeu de Russell est très narcissique car il n'a pas vu que tout son jeu ne ferait jamais de lui le gagnant vu comment le social game est la partie la plus importante de tous, et que c'est là où il était le moins bon. Là preuve quand il interrompt Jeff en lui disant qu'il avait un super social game puisqu'il a pu emmener son groupe jusqu'au bout : oui mais à quel prix, en fait ?
Ça ouvre quand même un débat assez intéressant, que Jeff agite (à raison) comme le grand thème de la saison dans la réunion d'ailleurs : le meilleur joueur stratégique est-il le meilleur joueur stratégique s'il n'arrive pas à convaincre le jury à la fin et à devenir le Sole Survivor ? La meilleure joueuse de la saison n'est-elle tout simplement pas la gagnante ? Pour moi oui, et ça se sentait venir depuis le début de la merge à mon goût (en tout cas c'était une éventualité que j'avais vite considérer). Ça m'est arrivé il me semble une seule fois de trouver vraiment le gagnant d'une saison assez peu méritant et un finaliste supérieur en tout point qui fait juste les frais d'un jury amer (Guatemala avec la fraude Dani contre Stephanie) pour moi ce n'est pas le cas ici, loin de là.
Voir Russell être prêt à donner de l'argent à Natalie pour avoir son titre prouve vraiment qu'il n'a rien compris... mais le rend aussi presque touchant dans son amour pour le jeu par-dessus tout, et son envie de jouer pour le titre et pas pour l'argent. Oui mais ce qui fait aussi tout le charme de Survivor je trouve, c'est qu'un million en jeu ça suffit pour être ultra motivant pour ceux qui en ont vraiment besoin, de faire de sérieux coup bas plus la fin approche. Russell brise largement cette convention puisqu'il veut juste humilier les autres, prouver qu'il est plus malin et gagner pour la gloire - il serait presque plus à l'aise dans Koh Lanta en ce sens. D'ailleurs, je pense que s'il est aussi dégoûté, c'est qu'il sait que c'était un peu sa seule chance de gagner un Survivor : je vois mal ce genre de profils, s'il revient, ne pas être éliminé illico presto par tous les autres, à la manière d'un Fairplay.
Même si j'adore le personnage, ça reste un peu un mec assez toxique dans l'idée je trouve (et j'ai été un peu content que le live show gère plutôt bien cette dualité, puisqu'on le montre à la fois en mari assez aimant, tout en soulignant qu'il a fait des remarques très sexistes tout au long de la saison, dès le début dans sa tribu jusqu'à sa non-reconnaissance de sa défaite face à Natalie). En tout cas, on sait qu'il s'est donné corps et âme comme jamais dans le jeu, qu'il a pris tout le monde de court en trouvant des idoles sans indices (ce qui devrait, j'imagine, pousser la production à ne plus être aussi prévisible et à faire évoluer la formule qui commençait à ronronner depuis le modèle de Fiji). Mais même moi j'étais juste team Natalie au final, alors que son côté petite fille religieuse du Sud est un archétype qui m'a bien souvent énervé par le passé dans Survivor (surtout dans les saisons 2, 4...)
Mais elle a été très maligne dès le début, décisive pour le post-merge avec Erik (dont Russell ne peut tenir aucun crédit - il a même gâché une idole à ce moment, preuve qu'il n'avait vraiment pas un bon vibe sur les relations sociales au moment où Natalie les maîtrisait), et a su rester humble dans le FTC en laissant même le fameux Erik qu'elle a éliminé, lui faire un speech décisif en conclusion (un comble !). Tandis que Russell débordait trop de confiance et n'a pas assumé son jeu jusqu'au bout en prétendant être quelqu'un d'autre dans la vraie vie (la loyauté en critère numéro 1, lol ? Il aurait juste pu dire la vérité, à savoir la famille, le jeu, l'aventure ou que sais-je). Sans parler de quelques erreurs fatales (ne pas avoir vu que Natalie avait tout pour gagner, ne pas avoir su se taire sur ce qu'il gagnait dans la vie, faire des promesses inutiles à Brett, etc.)
Le reste des Foa Foa Four constitué par Mick et Jaison est assez peu mémorable, ils sont plus des pions, mais le fait qu'ils constituent les underdogs qui parviennent à triompher de l'alliance majoritaire rend tout le post-merge sacrément addictif, même si "prévisible" dans la narration de la saison. Et dans l'acte final, des candidats très discrets jusque là comme Monica ou surtout Brett deviennent cette fois les underdogs qu'on a envie de soutenir - comme le dit justement Jaison, qui aura eu le mérite d'avoir une bonne capacité d'analyse.
Et comme très souvent lorsqu'un anti-Pagonging est effectué avec succès, c'est presque entièrement grâce à une tribu dysfonctionnelle en face et un électron libre qui n'a aucune chance de gagner et qui a une personnalité irritante permettant de se placer en swing vote et de faire triompher l'alliance minoritaire (je pense aux outcasts de Pearl Islands ou à Penner de Cook Islands) comme ici bien sûr : Shambo. Je savais avant de lancer la saison que Russell allait être un candidat marquant (j'avais un doute sur quel Russell - doute très vite dissipé quand Russell H. bousille toutes les affaires de sa tribu ^^), mais je ne m'attendais pas à avoir presque une personnalité encore plus marquante que lui en la personne de Shambo. J'ai adoré ce personnage, très typiquement américaine qui amenait du "chaos contrôlé", beaucoup d'humour et des clashs assez cool contre Dave ou Laura. Sa rivalité avec cette dernière est assez mémorable même si du coup, Laura est plus ou moins réduite à cela.
On retrouve aussi dans Samoa un petit côté d'une certaine saison précédente où une tribu était presque décimée avant la merge, puisque les Foa Foa étaient complètement nazes et qu'on a donc appris à plutôt bien les connaître. Les premiers boots sont donc plus mémorables qu'à l'ordinaire, surtout car Russell orchestre aussi bien toute la tribu, notamment Ben le beauf violent, Liz la débrouillarde que j'aimais bien, et toute la "dumb girl alliance" pas si dumb que ça (et c'est bien pour cela que Russell les visait, et que Natalie a été la seule assez maligne pour se taire).
Tout cela au prix d'arriver à la merge avec les trois quarts de la tribu majoritaire un peu inconnus : Kelly qui fait juste les frais d'un super move idole de Russell mais ne sert à rien sinon, Erik qu'on apprend à connaître au moment où il part même s'il a été décisif au final, ou encore John, le seul de sa tribu qui avait vraiment quelques neurones bien placés, même si j'ai été déçu que Jeff ne lui donne pas une seule fois la parole dans le live show.
Ça fait beaucoup de monde qu'on a appris à découvrir que pendant quelques épisodes. Mais comme c'est aussi le moment palpitant du renversement de situation, le cocktail final est vraiment gagnant et la saison n'a pas de vrai temps mort selon moi.
En plus, le pré-merge réserve aussi quelques moments forts hormis simplement le Ulonging : je pense notamment à l'abandon de Russell Swan. Je ne capte pas trop tout le foin qu'on fait sur les départs médicaux (ça me fume que Jeff inclut le nombre de medevac dans son mot de la fin à chaque saison), je trouve souvent les épisodes qui les contiennent juste longs et pas intéressants... Mais ici je ne peux nier que le départ de Russell S. était non seulement assez violent et touchant, mais en plus il a changé tout le jeu, tout en étant dans le cadre d'un épisode qui a su s'en servir pour créer une situation assez atypique et réussi (un conseil aux 2 tribus, sans élimination certes mais avec plein d'infos utiles néanmoins).
Le départ réservait aussi le plus de "twists" de la production, du moins d'idées pour thématiser la saison : désigner des capitaines clairs, la première épreuve où ils devaient à l'aveugle assigner des forces à chacun, puis désigner à chaque victoire de confort un émissaire vers l'autre tribu pour trouver les idoles (concept inspiré de China, qui ici a moins servi à servir des idoles qu'à assurer un futur à Shambo). Les twists restent minimes, sûrement car Russell a assuré un jeu tellement prenant tout du long qu'ils n'avaient pas grand besoin de faire autre chose que de laisser le Ulonging continuer et de remettre les idoles en jeu à chaque fois.
En tout cas, je dirais que ça fait depuis quelques saisons maintenant (probablement la 13) que Survivor est entré dans ce que j'appellerais sa "storyline era" : chaque saison est montée pour mettre en scène vraiment une certaine storyline, et ici l'intrigue était trop palpitante pour bouder son plaisir, malgré des défauts un peu inhérents au format actuel (trop de candidats à mon goût et des thèmes saisonniers qui se font de plus en plus discrets, malgré ici des épreuves assez cools basés surtout sur des sports).
Une saison dans la haute moyenne !